Dans son livre panorama des artistes français par époque (Histoire de la peinture française 1800-1933), Alfred Leroy brosse le portrait suivant de Gaston Latouche :
« Assidu du café de la Nouvelle-Athènes, ami d’Edouard Manet, Gaston La Touche (1854-1913) a, lui aussi, apporté le goût de la couleur à la peinture décorative, mais en restant dans la tradition, en n’acceptant aucune règle scientifique et en remontant le plus souvent au XVIIIème siècle.
Peintre, sculpteur et graveur, Gaston La Touche reçut, à ses débuts, les leçons de Bracquemond qui lui donna un dessin ferme et une grand sûreté d’exécution, au contact de Manet il aima la couleur claire à laquelle il devait rester toujours fidèle.
Au milieu des autres toiles de cette époque les oeuvres de La Touche apparaissent gaies, spirituelles, alertes, très françaises d’esprit, leur grâce capiteuse nous séduit et leurs qualités de couleur sont un vrai plaisir.
Chantre de l’amour, de la lumière dorée, des reflets chauds, peintre des crépuscules, des aspects féériques que donnent les jeux des illuminations nocturnes sur les eaux calmes, Gaston La Touche, dans Le Retour de Cythère, Fête de nuit ou L’Enfant prodigue, nous apparaît comme une figure exceptionnelle, toute en sensations spirituelles, comme un amoureux de la couleur admirablement doué pour en transcrire les splendeurs les plus fugitives et les plus délectables.
La Touche a aimé les bassins et les canaux de Versailles avec leurs fontaines, leurs cygnes, il les a aimés sillonnés de barques où rêvent les amants, il les a aimés baignés par les rayons dorés du couchant ou reflétant les lampions allumés pour une fête de nuit, et dans ce domaine bien à lui, il a donné des tableaux et des décorations dignes de toute notre admiration, la rétrospective de 1933 l’a montré d’une manière éclatante. En un temps de réalisme souvent grossier et de froide banalité, La Touche nous ouvre une porte sur des fantaisies de couleurs qui se rattachent à l’impressionnisme en le déviant dans la voie de la pure imagination et de la décoration.
Le Luxembourg possède de lui Le Portrait de Bracquemond et d’un disciple où son goût de la couleur appliquée au portrait fait pressentir les réussites d’Albert Besnard en ce sens. »